En pleine période révolutionnaire, le Père Pierre Picot de Clorivière (1735-1820), jésuite, voit sa vie bouleversée par la suppression de la compagnie de Jésus. Il a alors l’intuition d’une forme de vie religieuse nouvelle, pleinement immergée dans le monde moderne et qui préfigure aussi ce qui deviendra au XXème siècle, les instituts séculiers. Il devient fondateur de deux instituts : la société des Prêtres du Coeur de Jésus et une société similaire pour des femmes.
« Je conçus qu’il s’agissait de l’établissement comme d’une Société religieuse universelle qui serait ouverte à toutes sortes de personnes, de tout âge, de tout pays, de toute condition, qui seraient capables de la perfection évangélique…Ni l’une, ni l’autre ne séparerait ses membres du commun des fidèles… » (lettre à Joseph Limoëlan, 6 avril 1810)
La Société se caractérise par une absence de signes visibles. Il n’y a ni vie commune, ni uniforme, ni œuvres. Le contexte politique l’exige, mais Clorivière rejoint ainsi l’intuition des premiers évangélisateurs de l’ Église primitive.
Le Cœur du Christ est pour eux « un lieu de repos, un oratoire, une école, un refuge et un centre »
Les membres de la Société trouvent l’unité de leur vie personnelle dans le partage des sentiments du Christ. Ils rayonnent cet amour à la manière des premiers chrétiens qui ne faisaient « qu’un seul cœur et qu’une seule âme » (Ac 2).
Dès que la situation politique le permet, Clorivière s’empressera de multiplier les démarches auprès du pape et de son entourage afin que la jeune Société soit reconnue comme utile au bien de l’Église et du monde. Cette approbation permettra à la Société de se développer pour la plus grande gloire de Dieu.
Lors de la restauration de la Compagnie de Jésus en 1814, Clorivière sera invité à restaurer celle-ci en France. Il ne s’occupera plus de sa Société qui disparaîtra avec le dernier membre en 1866… avant d’être refondée par un prêtre de Paris, Daniel Fontaine, en 1918.